• L'incubation chez le pigeon

     

    Huppe de Soultz

     

     

    L’INCUBATION CHEZ LE PIGEON

     

    Demandez à des éleveurs quelle est la durée normale de l'incubation chez le pigeon et vous serez surpris par la diversité et par l'impréci­sion de leurs réponses. Les uns vous diront : « Il est bien connu que l'incubation du pigeon dure 17 jours », et même ils ajouteront que toujours ils ont vérifié l'exactitude de ce fait dans leur propre élevage. D'autres vous affir­meront, avec non moins d'autorité, que cette durée est sous la dépendance absolue des saisons. D'après leurs dires, l'été, elle serait de 18 jours et l'hiver de 19 à 20 jours selon la rigueur de la température.

    Si, au lieu de vous adresser directement aux éleveurs, vous consultez les ouvrages spéciaux consacrés à la colombiculture, vous ne serez, hélas, pas mieux documenté. Quelles peuvent être les causes d'un manque d'accord aussi complet sur un point apparemment si facile à vérifier ?

    Il s'agit, en général, de fautes d'observa­tions faites initialement par des éleveurs, trans­mises par des écrivains et devenues, à la longue, des vérités indiscutables répétées de génération en génération sans aucune tentative de contrôle. A ce point de vue, Buffon a sa large part de responsabilité, les renseignements erronés qu'il a donnés sur l'incubation du pigeon sont, de nos jours encore, répétés à l'envi, dans tous les livres. Il se peut aussi que la différence des opinions ait pour origine un manque d'entente sur le sens à accorder au mot éclosion.

    Pour quelques‑uns, éclosion signifie simple bêchage de la coquille de l'oeuf par le jeune pigeonneau prêt à se délivrer. Pour d'autres, c'est la sortie proprement dite du pigeonneau qui constitue l'éclosion. Or, il s'agit là de deux temps absolument distincts de l'évolution du jeune pigeon. Ces deux temps, séparés par un certain nombre d'heures, ne doivent pas être confondus.

    Un véritable éleveur ne peut pas se contenter de renseignements aussi vagues, ses connais­sances doivent être précises ; aussi, essayons de lui donner satisfaction, en exposant ici tout ce qu'il est utile de savoir de la ponte, de l'incu­bation et de l'éclosion des pigeonneaux.

    Le pigeon sauvage, la Colombia livia des savants, nommé vulgairement Biset, l'ancêtre de nos pigeons domestiques, ne fait annuel­lement que deux couvées, rarement trois, composées chacune de deux oeufs seulement. La première couvée a lieu en mars, l'autre ou les autres, s'il y en a trois, s'échelonnent jusqu'en août, au plus tard. Les ornitholo­gues se sont fort peu étendus sur le rythme de la ponte et sur la durée de l'incubation du pigeon sauvage, mais, cependant, tous s'accor­dent pour dire qu'à chaque couvée, les oeufs sont pondus à un jour et demi d'intervalle, que l'incubation dure 18 jours et ne commence qu'après la ponte du deuxième oeuf.

    Pour avoir des renseignements tout à fait précis sur l'objet qui nous occupe, c'est donc au pigeonnier, et là seulement, qu'il faut aller les chercher. Une première tentative dans ce sens a été faite au début du XIXe siècle, par Corbié l'oiselier de Son Altesse Royale Mme la Duchesse de Berry. Corbié était un excellent observateur et, grâce à lui, nous savons sur l'élevage des pigeons une foule de choses aussi intéressantes que précises. Mais, en matière de colombiculture, il reste toujours à faire. Aussi, après avoir contrôlé les dires de Corbié sur l'incubation, ont été entreprises de nouvelles recherches en les étayant sur les techniques et les connaissances actuelles. En voici les résul­tats :

    Nos pigeons domestiques ne diffèrent pas seulement du pigeon sauvage par de simples caractères extérieurs. Des acquisitions nou­velles ont été également obtenues, dans le do­maine de la physiologie, par suite de variations fortuites ou ataviques, fixées avec soin au cours des âges, par une sévère sélection. Une de ces acquisitions, qu'il est utile de rappeler ici, porte sur l'augmentation du nombre des couvées annuelles. Alors que le pigeon sauvage ne fait que deux ou, tout au plus, trois couvées par an, nos pigeons domestiques en font nor­malement de six à huit. Certaines races même, spécialement sélectionnées dans le sens de la production, pondent à nouveau dès les treizième ou quinzième jours après la nais­sance des petits de la précédente nichée. Si on les laisse faire, il est facile d'obtenir d'eux davantage de couvées annuelles.

     

    RYTHME DE LA PONTE

    Comme dans l'espèce sauvage les couvées de nos pigeons sont de deux oeufs. Le premier oeuf est pondu le soir, vers 17 heures. Norma­lement, la femelle ne couve pas aussitôt cet oeuf, elle se contente de le maintenir à une température convenable et d'établir autour de  lui une sorte de gardiennage jusqu'à la ponte du second oeuf, qui a lieu 44 heures après celle du premier, c'est‑à‑dire le surlendemain aux environs de 13 heures. Dès que le deuxième oeuf est pondu, la femelle se met à couver assidûment, en se faisant relayer chaque jour, de 10 à 16 heures, par le mâle.

    Cependant, assez fréquemment, il arrive que certaines pigeonnes, dans le feu de l'ardeur maternelle, ou plus vraisemblablement, parce que tel est leur état d'être, se mettent à couver dès la ponte du premier oeuf, et font de cette pratique une habitude dont le résultat est des plus fâcheux. En effet, dans ces conditions, les pigeonneaux ne naissent pas en même temps et le premier né a souvent une avance de 36 à 40 heures sur le second. Étant donnée la crois­sance rapide du pigeonneau (augmentation moyenne de 20 grammes par jour), l'aîné, beaucoup plus fort que son cadet, est plus habile à se faire nourrir par les parents, et il prend souvent double ration au détriment du plus jeune, qui, de ce fait, reste chétif, rattrape mal le temps perdu et souvent même meurt au moment de la poussée des plumes.

    Certains éleveurs, qui n'ont pas su remarquer ces faits assez fréquents, cependant, commettent l'erreur de considérer le plus fort des deux pigeonneaux comme étant du sexe mâle. De nombreuses observations ont montré qu'il pouvait être indifféremment mâle ou femelle.

    Pour éviter l'inconvénient de ces naissances échelonnées, il serait facile de substituer au premier oeuf dès qu'il est pondu, un oeuf arti­ficiel et de replacer l'actif véritable dans le nid lors de la ponte du second. Bien que cette substitution momentanée d'un oeuf ne soit ni compliquée, ni difficile à exécuter, il est beaucoup plus simple, pour éviter les compli­cations inutiles, d'éliminer par sélection tous les couples (ou tout au moins les femelles) qui couvent dès la ponte du premier oeuf. On purifiera ainsi son pigeonnier de ce vice qui, en réalité, est un état d'être hérédi­taire.

     

    DURÉE DE L’INCUBATION

    Si l'on compte les heures qui s'écoulent entre la ponte du second oeuf et l'éclosion simultanée des deux jeunes, on constate que 424 heures ont été nécessaires pour donner la vie aux pigeonneaux. C'est donc le 18ème jour après le début de l'incubation, vers les 4 heures du matin que l'éclosion a lieu. Ceci est une règle qui ne souffre guère d'exceptions. Les renseignements erronés rapportés précédem­ment s'expliquent de la façon suivante :

    Si l'on nomme éclosion le bêchage de l'oeuf, qui se manifeste déjà 30 heures environ avant que le jeune oiseau ne soit libéré définiti­vement de sa coquille, on trouve évidemment que 17 petits jours sont suffisants pour assurer l'incubation. Au contraire, si l'on prend comme base l'éclosion réelle et que l'on compte les jours, on constate sans difficulté que 19 à 20 jours sont indispensables pour mener à bien l'éclosion. Comme on le voit bien, toutes les erreurs en cours ont pour cause un mauvais point de départ.

    La connaissance exacte du temps nécessaire à l'incubation des oeufs du pigeon ne satisfait pas simplement notre légitime et si vif désir de savoir. Elle rend aussi aux éleveurs de précieux services en leur permettant de faire à bon escient, des échanges d'oeufs ou de jeunes entre couples couveurs.

     

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